« J’appartiens aux fermes pilotes d’expérimentation depuis le début du dispositif »
Rodolphe Couturier participe au PNRI-C (Plan national de recherche et d’innovation) en tant que ferme pilote d’expérimentation. Il teste des alternatives aux néonicotinoïdes sur près de 8 hectares de betteraves.
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« Avec une ancienne distillerie à 4 kilomètres d’ici, il y a plus de 50 ans que la betterave est présente dans notre secteur, explique Rodolphe Couturier, agriculteur à Mérouville (Eure-et-Loir). Avant l’arrivée des néonicotinoïdes en traitement de semences, dans les années quatre-vingt-dix, nous n’avions jamais eu de problème de jaunisse. Mais à l’époque il y avait davantage d’insecticides et, ils étaient certainement plus efficaces. »
« Personne n’avait envisagé qu’en 2020 la campagne serait si catastrophique. »
« Après l’arrêt en septembre 2018 des néonicotinoïdes, je n’ai pas eu de problème de jaunisse en 2019, première campagne sans ces traitements de semences, poursuit-il. En revanche, personne n’avait envisagé qu’en 2020 la campagne serait si catastrophique. »
« De mon côté, j’avais appliqué Teppeki (flonicamide) et Movento (spirotetramat), pour lequel on avait obtenu une dérogation au dernier moment. Le Movento était alors utilisé sans huile alors que, depuis, l’ajout d’Actirob B est conseillé pour améliorer son efficacité. Concernant Teppeki, on avait trop attendu pour intervenir. Autorisé dès 2 feuilles, il pourrait selon moi l'être encore plus tôt dans le cycle pour améliorer son efficacité. »
« J’ai obtenu seulement 50-52 t/ha, contre 95-98 t/ha de moyenne historique. Et j’étais parmi les moins impactés du secteur (30 t/ha pour d’autres). Avec un énorme stress hydrique, je n’ai jamais autant irrigué mes betteraves que cette année-là. Malgré tout, j’ai perdu 50 000 euros pour être seulement indemnisé de 20 000 €, soit 30 000 € de perte pour une situation que je n’avais pas choisie ! »
8 hectares alloués aux essais
« Élu de la coopérative Tereos, je participe depuis 2021 au PNRI en tant que ferme pilote d’expérimentation et je continue jusqu’en 2026 dans le cadre du PNRI-C (1), détaille Rodolphe Couturier. Par exemple, en 2024, chez moi il y a eu environ 8 hectares alloués aux essais. Sur cette zone, les variétés comme l’itinéraire technique sont imposés. »
« Il faut intervenir quand on nous le dit avec un découpage des parcelles assez complexe et des modalités souvent difficiles à mettre en œuvre. Nous pouvons être indemnisés en cas de perte de rendement, mais jusqu’alors pas pour le temps qu’on y passait. »
« Globalement cette année si on cumule tout, traitements phytos, plantes compagnes, lâchers de chrysopes, et granulés Agriodor… Cela a représenté 1 200 €/ha qui n’étaient pas totalement à ma charge, de plus qu’un traitement de semences à base de néonicotinoïdes (30 €/ha). »
Passer de l’expérimentation à la production
« À 80 t/ha, cela fait pour le moment cher de la tonne de betterave. Malgré tout, cela reste le rôle des fermes pilotes de passer des parcelles expérimentales à une plus grande échelle. Et je trouve qu’avec ces essais nous avons réussi à progresser en praticité, notamment au sujet des plantes compagnes. »
« Je n’ai jamais pensé à arrêter la betterave car elle a toujours gardé un intérêt économique chez moi. Et des défis comme celui-là, il y en a déjà eu par le passé (rhizomanie, nématodes…), tous relevés. Dans ce cas précis, une fois que la génétique sera là, je serai plus optimiste car selon moi, c’est la meilleure carte à jouer, même si cela ne fera pas tout. Il faudra la préserver et l’utiliser de façon appropriée pour qu’il n’y ait pas de contournement par la suite. »
(1) Plan national de recherche et d’innovation. C pour consolidé.
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